Le triomphalisme qui appartient aux chrétiens est celui qui passe à
travers l’échec humain, l’échec de la croix. Se laisser tenter par
d’autres triomphalismes, par des triomphalismes mondains, signifie céder
à la tentation de concevoir un « christianisme sans croix », «
christianisme à moitié ». L’humilité a été au centre de la réflexion du
Pape lors de la Messe du 29 mai. Dans l’Évangile de ce jour (Mc
10, 32-45) est décrit le chemin de Jésus vers Jérusalem, suivi par ses
disciples. « Ils étaient sur la route qui montait à Jérusalem — a
expliqué le Pape — et Jésus marchait devant. Décidé. Nous pouvons aussi
penser en hâte ». S’arrêtant sur les sentiments qui s’agitaient à ce
moment dans le cœur des disciples « effarés » et « effrayés », le
Saint-Père a voulu mettre en évidence le comportement du Seigneur qui
leur révèle la vérité : « Voilà, nous montons à Jérusalem, le Fils de
l’Homme sera livré » aux chefs des prêtres et des scribes ; ils le
condamneront à mort et le tueront, mais le troisième jour, il
ressuscitera. Jésus « dit la vérité » et leur montre le chemin qui finit
« le troisième jour ».
Aujourd’hui, a souligné le Saint-Père, le danger
est celui de succomber à la « tentation d’un christianisme sans croix.
Un christianisme à mi-chemin. Cela est une tentation ». Mais il y en a
une autre, a ajouté le Pape, « celle d’un christianisme avec la croix
sans Jésus », dont il a dit qu’il parlerait en une autre occasion. Et en
reprenant le thème de l’homélie, le Pape a expliqué qu’il s’agit de la «
tentation du triomphalisme ». « Nous voulons le triomphe maintenant
sans aller sur la croix. Un triomphe mondain, un triomphe raisonnable ».
Pour prendre un exemple, il a cité l’épisode évangélique dans lequel on
raconte que le diable, après la provocation du temple, propose un pacte
à Jésus : « Adore-moi et je te donnerai tout ». Et « cela pour qu’il
n’arrive pas à faire ce que le Père voulait que Jésus fasse ». À ce
propos, le Pape a rappelé un épisode de sa vie : « Une fois, j’étais
dans un moment sombre de ma vie spirituelle, et je demandais une grâce
au Seigneur. Je suis allé prêcher les exercices chez les sœurs et le
dernier jour, elles se sont confessées. Une sœur âgée est venue se
confesser, de plus de quatre-vingts ans, mais avec les yeux clairs,
vraiment lumineux. C’était une femme de Dieu. À la fin, j’ai vu que
c’était une telle femme de Dieu que je lui ai dit : “Ma sœur comme
pénitence priez pour moi, parce que j’ai besoin d’une grâce, d’accord ?
Si vous la demandez au Seigneur, il me la donnera sûrement”. Elle s’est
arrêtée un instant, comme si elle priait, et elle m’a dit cela : “Soyez
certain que le Seigneur vous donnera la grâce, mais ne vous trompez pas :
à sa manière divine”. Cela m’a fait beaucoup de bien : entendre que le
Seigneur nous donne toujours ce que nous demandons, mais qu’il le fait à
sa manière divine ». Cette manière, a expliqué le Pape, « fait
participer à la croix. Non par masochisme, non, non : par amour, par
amour jusqu’à la fin ». En concluant l’homélie, le Saint-Père a invité
chacun à demander au Seigneur « la grâce de ne pas être une Église à
mi-chemin, une Église triomphaliste, des grands succès ».
Pape François
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