Livre des Actes des Apôtres 7,55-60.
Psaume 97(96),1-2b.6.7c.9.
Livre de l’Apocalypse 22,12-14.16-17.20.
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 17,20-26.
***
Après la fête de l’Ascension, nous sommes
pris dans la polarité de Pentecôte qui est le don de l’Esprit aux
disciples, qui entre autres conséquences, est le don le meilleur que
l’on puisse recevoir.
En effet, recevoir l’Esprit, revient à
recevoir en soi la source d’eau vive, au lieu d’avoir à puiser
continuellement l’eau ailleurs et de plus en plus loin, sans que
celle-ci n’étanche réellement la soif.
Le texte de l’apocalypse nous parle de
l’aspiration à cette venue, de la soif de cette venue, comme
l’exprimerait la voix de l’Épouse en disant « viens ! ».
La question annexe est la suivante :
– est-ce que la venue de la grâce qu’est l’Esprit trouve encore grâce à nos yeux ?
– est-ce que la venue de la grâce est
l’objet d’une constante prière silencieuse en nous ? Comme le désir
silencieux peut être une prière constante comme l’exprimait saint
Augustin.
Portons un instant notre attention sur
les images qu’utilise le Christ pour signifier cela, comme nous le
rapporte l’évangéliste Jean.
« Je leur ai donné la gloire pour qu’ils soient un, comme nous sommes un, moi en eux, et toi en moi ».
La configuration de la relation entre le
Père, le Christ et les apôtres – qui sont la figure de l’Église à venir –
peut être représentée par cette triade Toi, Moi, Eux avec les flèches
indiquant la fonction qui est en cours.
Un diagramme vaut mieux que mille mots pour ne pas se perdre dans la dialectique de l’évangéliste Jean :
Donner la gloire permet d’entrevoir en quoi l’entrée dans cette relation dynamique en vaut vraiment la peine.
Et cela a pour conséquence que « le monde
sache » ! Le monde est la réalité qui se maintient pour l’heure à
distance de cette relation.
Que le « monde sache ». Que le monde sache quoi ? Qu’il sache que je suis un envoyé, dit le Christ.
Il répète très souvent cette notion
d’envoyé. Pourtant, ce n’est pas la première fois que Dieu envoie un
messager ou un prophète.
Mais, cette fois, il ne s’agit pas d’un envoyé comme les autres.
Les contemporains du Christ, et nous aussi avons une intuition de l’unité et de l’unicité de Dieu.
Mais, le Christ veut nous ouvrir à toute
la réalité de cette unité de Dieu ; il veut nous ouvrir à toutes les
dimensions de l’unité de Dieu et cela constitue la difficulté propre du
christianisme, mais aussi son originalité.
Cette unité s’exprime maintenant comme « Toi en Moi, et moi en Eux, ce qui signifie donc comme résultante, Toi en Eux ».
On peut donner aux flèches différentes valeurs comme « aimer », « être », « donner » ou « lien »
Mais fondamentalement, les flèches sont l’Esprit ; c’est lui opère le mouvement et la relation entre Toi, Moi et Eux.
Révéler le Nom de Dieu par le Christ est
précisément le secret du lien, le secret du désir d’entrer dans cette
relation triadique.
Dans la première lecture, on nous
présente le récit du martyr du diacre Etienne. Et comme témoin
particulier de l’événement, un jeune homme, du nom de Saul, celui-là
même qui deviendra le Saint Paul que nous connaissons bien.
Saul est attentif à ce qui se passe. Il se tient à distance.
Il y a l’attitude d’Etienne. Il n’y a pas chez lui de la lâcheté, qui l’amènerait au reniement pour sauver sa peau.
Il n’y a pas chez lui de révolte non plus; il ne maudit pas ses meurtriers avant de mourir.
Non ! Il pardonne même à ses meurtriers ; il pardonne leur ignorance.
Ils ignorent en effet le secret du lien qui permet à Etienne de suivre la logique de son existence.
Ils sont ignorants de ces choses
essentielles, en dépit de s’arc-bouter sur la Loi de Moïse dont ils
ignorent l’esprit, ou toutes ces lois qui nous tiennent à distance de
l’intimité avec Dieu.
Etienne ne vit pas cet événement comme un
échec. Non, ce n’est pas l’échec de sa vie d’homme, même si c’est quand
même sa vie que l’on prend, a priori.
En réalité, Etienne dit : « Seigneur Jésus, reçois mon esprit » !
Il remet sa vie au Christ ; c’est lui qui
remet sa vie au Christ ; ce ne sont pas les grosses pierres de la
lapidation qui lui prennent sa vie.
La vie, quand elle est dans cette
relation avec le Christ, quand elle est dans cette dynamique de l’unité
triadique, se révèle plus forte que les grosses pierres qui nous
heurtent, peu importe le nom qu’on leur donne.
L’attitude d’Etienne n’a pas échappé à
Saul, ce jeune homme de désir, une attitude qui a dû provoquer une
première brèche en lui, une première brèche dans les certitudes de Saul
sur sa compréhension de la Loi de Moïse.
On voit bien qu’on lapide Etienne, mais c’est probablement Saul qui est blessé.
Il faut laisser à la blessure le temps de se manifester, le temps d’agir.
Une blessure qui a dû compter pour
commencer à repenser ce qu’il croyait, et vouloir cette fois, la vérité
vraie ; et la vouloir, c’est s’apprêter à dire : « viens ! ».
Prions le Seigneur, pour que ceux qui sont confrontés à la mort imminente sachent « remettre leur esprit au Christ ».
Prions les uns pour les autres, pour que
le secret du lien nous soit révélé, et que nous sachions dire, chacun
avec nos mots : « viens ! ».
Amen.
Père Roland Cazalis
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire