Livre de l'Apocalypse 11,19a.12,1-6a.10ab.
Psaume 45(44),11-12a.12b-13.14-15a.15b-16.
Première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens 15,20-26.
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 1,39-56.
***
Ce sont de bonnes nouvelles,
et les bonnes nouvelles se communiquent, elles provoquent des déplacements, des
voyages, pour les partager.
Les bonnes nouvelles se
rencontrent, s’échangent, se partagent, comme la visite de Marie à Élisabeth.
Voilà pour la tonalité de
cette célébration ; il s’agit bien d’une fête. La fête de l’Assomption.
La joie et les bonnes
nouvelles dans ces textes ont pour origine le fait que Dieu tienne
parole ; il réalise ce qu’il promet.
À partir de la venue du
Christ, ce que Dieu réalise se manifeste surtout dans notre existence, dans
notre corps, c.-à-d. en nous ! Nous ne pouvons pas passer à côté. C’est
une réalité qui nous concerne en premier lieu.
C’est comme le fait d’attendre
un enfant, il s’agit d’une réalité extrêmement concrète, d’après ce que
racontent les gens !
Et puisque Dieu tient parole,
alors nous pouvons nous fier en lui !
La joie qui émane de ces
récits vient encore du fait que les personnes qui sont concernées, en premier
lieu, Marie et Élisabeth, ces personnes sont entrées dans l’histoire de Dieu,
elles sont entrées dans le mouvement qu’est la vie de Dieu.
Et l’Assomption, selon la
tradition, traduit le fait que Marie, en tant que mère du Seigneur, la
theotokos des orthodoxes, est entrée dans l’histoire de Dieu, ou est entrée
dans la gloire de Dieu.
La tradition orthodoxe
insiste sur la douceur de la mort de Marie, tel un endormissement. D'où ce
terme de Dormition. Il n’y a pas de dogme
de la Dormition chez les orthodoxes, mais c’est tout comme.
Immaculée Conception et
Assomption sont liées. Les orthodoxes disent que c’est la vocation de Marie, c.-à-d.
que sa vie a correspondu à sa vocation.
Les catholiques disent que Marie
est immaculée par sa conception et sa naissance, c’est-à-dire par sa vocation.
Mais comme les catholiques veulent couler cette pensée dans le marbre, ils en
font un dogme, parce qu’il y a des esprits libres qui pensent différemment.
Chez les orthodoxes, pas besoin de dogme pour quelque chose que tout le monde
croit et accepte comme une évidence. Ce sont là des différences culturelles.
Cette joie de Marie dont on
perçoit le signe lors de la Visitation à Élisabeth, et dont le peintre Arcabas
traduit magnifiquement la teneur, cette joie donc vient de l’action de Dieu.
Ce n’est pas la joie qui
éclate, comme éclate la clameur lorsque votre club de football fétiche marque
le but de la victoire.
Non, c’est quelque chose de
différent. On ne devient pas non plus une « personne joyeuse », une
personne d’humeur joyeuse, puisque ce n’est là qu’un trait de caractère.
Cette joie est plutôt un feu
intérieur, mais un feu qui ne nous consume pas ; au contraire, c’est un
feu qui nous conforte et nous réconforte.
La joie qui vient de Dieu
confère de l’assurance ; l’assurance de celui dont le fond est bien posé,
l’assurance de celui dans le fondement est bien mis, consolidé, renforcé ;
d’où la quiétude qui peut nous habiter.
Paul parle de la victoire sur
la mort comme étant le dernier ennemi qui sera anéanti.
L’Assomption, selon la
tradition, nous parle de cette victoire à sa manière.
Si nous voyons les choses
depuis la joie qui vient de Dieu, c.-à-d. par ce qu’il réalise en nous, alors
nous pouvons dire que la victoire sur la mort, c’est de connaître la joie
particulière que Dieu procure, c.-à-d. de connaître Dieu par le biais de son
empreinte, de son sceau. En d’autres termes, c’est avoir le plein avant-goût de
la présence de Dieu à soi.
Et depuis ce plein avant-goût
de la présence de Dieu à soi, alors la mort cesse d’être un ennemi redoutable.
L’intuition d’une vie après
la mort est probablement aussi vieille que l’humanité, au moins depuis le
paléolithique supérieur.
Mais une chose est
l’intuition, autre chose est la réalité, même si l’intuition est tenace.
En fait, quand on réfléchit à
la chose à tête reposée, on en vient à se demander si notre désir porte
uniquement sur la vie après la mort, ou ne porterait-il pas plus
fondamentalement sur la rencontre avec plus grand que nous, puisque nous sommes
faits pour la rencontre, nous sommes faits pour la relation.
Et pouvoir dès ici-bas,
initier cette relation, de commencer cette rencontre, voilà qui est proprement
la joie particulière que seul Dieu peut communiquer et qui nous fait aspirer à
la plénitude de la participation à la joie divine.
Prions le Seigneur, pour
qu’au cœur de notre vocation particulière, la joie de Marie, manifestée dans la
Visitation à Élisabeth, soit la nôtre.
Amen.
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