Livre d'Isaïe 11,1-10.
Psaume 72(71),1-2.7-8.12-13.17.
Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains 15,4-9.
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 3,1-12.
« Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses
sentiers ».
Cette exhortation est probablement la plus emblématique du
temps de l’avent.
Chaque année, chacun l’entend de façon personnelle, ou pas,
suivant sa configuration.
Alors cette venue à laquelle nous prépare l’avent, ou cette
grâce qui nous vient du futur et à laquelle nous devons nous préparer pour
qu’elle passe par nous, cette grâce, disais-je, c’est pour que se réalise
l’accord, pour que se réalise l’agreement dans la nature que nous
appelons de tous nos vœux.
Le prophète Isaïe nous
donne une image de cet accord, de cet agreement dans la nature en ces
termes :
« Le loup habitera avec l’agneau ; le veau et le
lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira ».
Voilà une image que nous livre Isaïe pour nous suggérer cet
accord qui doit se réaliser entre les hommes afin qu’il se répande dans la
nature tout entière dont nous faisons partie.
Cet accord est aussi de notre responsabilité. Dimanche dernier,
Isaïe déjà suggérait la transformation des motivations que suppose cet accord.
Il parlait de transformer les épées en socs de charrue, de passer de la guerre
à l’agriculture. C’est un véritable changement d’optique.
Qui va initier le mouvement irréversible vers cet
accord ?
Isaïe en dresse son portait robot :
Il dit : « un rejeton de la maison de
David », et « sur lui reposera
l’esprit du Seigneur ». Voilà son trait essentiel. Le reste n’est que la
conséquence de ce trait essentiel.
Même les caractéristiques de son vêtement en découlent. La
ceinture de ses hanches sera la justice et la fidélité.
Ceux qui sont envoyés, c.-à-d. ceux qui reçoivent la mission
de Dieu ou du peuple de faire avancer cet accord pour le bien commun, en
commençant par les petits, ceux-là doivent se conformer à la grâce du rejeton
de la maison de David, c.-à-d. ceindre leurs reins de justice et de fidélité à
la mission reçue.
Ceux qui ont reçu cette mission, qu’ils le veuillent ou non,
qu’ils soient laïcs ou croyants, ceux-là doivent incarner la transcendance qui
accompagne la mission, car elle vient de plus loin que soi.
S’ils ne le savent pas, ils vont l’apprendre à leurs dépens.
S’ils ne veulent pas incarner la transcendance, mais préfèrent
se référer à leur propre personne, car ils ne croient pas à la grâce, alors on
verra les conséquences néfastes, se traduisant par le retard de l’accord et
même son recul, alors que l’histoire avance.
Certains, dans un éclair de lucidité, se rendent compte
qu’ils ne sont pas dans un rapport de vérité avec la mission reçue, ce qu’Isaïe
nomme « la fidélité », et préfèrent arrêter les frais, car ils ont
conscience de faire obstacle à l’avancement de l’accord.
D’autres au contraire persistent sciemment dans
« l’infidélité », car ils ont des intérêts personnels en jeu,
qu’importe l’accord.
Cette persistance dans « l’infidélité » à la
mission explique la rudesse de l’accueil que Jean Baptiste réserve aux sadducéens
et aux pharisiens.
« Engeance de vipères ! », leur dit-il en
guise de bonjour. Cela fait toujours plaisir d’être reçu de la sorte.
Jean Baptiste confirme et actualise l’annonce d’Isaïe. Oui,
celui sur qui repose la grâce, celui qui a les reins ceints de justice et de
fidélité, sa venue est imminente.
C’est lui qui montrera au peuple vers où nous conduit
l’accord, et ce dont il est disposé à porter, à prendre sur lui pour que la
possibilité de participer à l’avancement de l’accord entre les hommes et au
sein de la nature soit donnée à tous ceux qui veulent s’ouvrir à la grâce.
L’espérance en l’avancement de l’agreement ou de
l’accord que nous suggère Isaïe, cette espérance ne meurt jamais !
Cette espérance est tenace en nous, et c’est bien qu’il en
soit ainsi.
Le rythme liturgique à cette vertu, chaque année, de raviver
cette espérance, car la grâce nous est redonnée. Oui, la grâce nous est
redonnée, car nous ne sommes pas dans une commémoration du temps de l’avent,
nous le vivons dans son actualité! Entend, qui a des oreilles !
La grâce est cette énergie qui nous permet de transformer
nos motivations et les mettre en phase avec la perspective de l’accord dans la
nature.
C’est symboliquement, la même énergie qu’il faut pour faire
fondre les épées et les transformer, entre l’enclume et le marteau, en socs de
charrue.
Préparer le chemin du Seigneur, revient à désirer la
grâce ; c’est désirer que l’Esprit repose sur nous. Prions le Seigneur en
ce sens.
Amen.
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