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15e dimanche du temps ordinaire, année C - 10 juillet 2016



Livre du Deutéronome 30,10-14.
Psaume 69(68),14.17.30-31.33-34.36ab.37.
Lettre de saint Paul Apôtre aux Colossiens 1,15-20.
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 10,25-37.   
*** 
Dans le texte de Luc, on assiste à une sorte de joute qui tourne court très vite entre un docteur de la Loi et Jésus.

Un docteur de la Loi demande donc au Christ : « que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? » autrement dit, que dit la Loi ? Conduire à la vie éternelle est précisément son objet.

Jésus répond à la question par la même question : « que dit la Loi ? ». On croirait entendre Dupond et Dupont dans les Aventure de Tintin.

Dans ce genre de jeu, le premier qui répond à la question a perdu ! Sinon, il faut répondre par une question encore plus subtile.

Le docteur de la Loi égraine alors l’essentiel de la Loi ; il répond donc à sa propre question. C’était bien la peine de la poser ! Résultat des jeux : Christ : un ! Le docteur le de la Loi : zéro ! Jésus rajoute : tu le sais, fais-le donc!

Le docteur de la Loi relance la balle ou la partie, car il ne veut pas rester sur cet échec. Il pose une nouvelle question relative à la première : « qui est mon prochain ? »

Jésus profite de l’occasion pour universaliser la notion de prochain ; il le fait donc par le récit du « bon Samaritain ». Après ce préambule, il répond à la question du docteur de la Loi par la même question : « qui est le prochain ? »

Le premier qui répond à la question a perdu ! Résultat des courses : Christ : deux ! Le docteur de la Loi : zéro !

Le Christ rajoute de nouveau : puisque tu le sais, fais-le donc ! Ce qui est dit est encore à faire !

Le score de cette joute est anecdotique. Ce qui l’est moins c’est que le docteur de la Loi comprend que devient mon prochain celui dont je me fais proche.

Dès lors, toute la question est la suivante : pourquoi je me fais proche de celui-ci plutôt que de celui-là ? Quelle est la règle qui gouverne l’art de se faire proche de quelqu’un ?

C’est là qu’il nous faut entendre ce que dit le texte du Deutéronome.

La Loi est dans mon cœur, elle n’est pas extérieure à moi. La Loi est dans mon cœur, car elle a toujours été là. C’est une partie de moi-même. Rien d’extérieur ne peut entrer dans ma nature pour en faire partie.

La Loi qui est révélée vient comme un miroir pour me découvrir ou pour apprendre à me regarder avec les yeux de la Loi, ou à voir comment la Loi me révèle, ce que je suis et ce que je dois être, ma noblesse d’être humain.

Néanmoins, il y a un risque ; c’est celui d’entrer dans un jeu de miroir, c’est-à-dire de se retrouver aux prises avec soi-même, entre ce que je suis et ce que je dois être et dans l’oubli du Dieu et la vraie fonction de la Loi révélée.

Dans ce jeu, la Loi révélée finit par m’enfermer dans la culpabilité au lieu de m’ouvrir à la vie, c.-à-d., ce que je dois viser pour parvenir à la plénitude de la vie. La Loi est comme un symbole dont la fonction première est de donner et non pas d’empêcher.

Alors, Jésus arrive comme celui qui interrompt ce jeu de moi avec moi-même, qui rompt cet enfermement dans lequel la mauvaise réception de la Loi m’entraine, ou par sa mauvaise donation par ceux qui en ont la charge et qui profitent pour en faire un instrument de leur pouvoir.

Jésus arrive, et en posant son regard sur moi, il devient « le plus court chemin de moi à moi-même ».

Le regarder à mon tour, c.-à-d., me tourner vers lui devient bienfaisant. Le regarder me guérit de mes erreurs et de mes blessures.

Le regarder me mène au fond de moi-même et me déprend de moi-même. Le regarder me déprend de la tension de l’écart entre ce que je suis et ce que je dois être.

Le regarder nous déprend de cette préoccupation, car en le regardant, nous nous approchons de Dieu sans nous en rendre compte.

Nous nous approchons de nous-mêmes, c.-à-d. nous grandissons en humanité sans effort et sans y prendre garde.

Cette manière de regarder est l’objet de l’adoration, qui est une ancienne tradition dans l’Église ; c’est aussi l’objet de la contemplation de la Parole, puisqu’en fin de compte, ces deux exercices spirituels ont le même but. On choisit celui qui nous est le plus connaturel.

C’est certainement en contemplant les paroles du Christ que Paul écrit cet hymne que nous avons lu lors de la deuxième lecture. On aurait dit du saint Jean ! Non, c’est du Saint Paul. C’est le regard de Paul qui dit ce qu’il voit, ce qu’il ressent, ce qu’il perçoit, ce qui le rend heureux.

Oui, on peut percevoir le bonheur de Paul quand il écrit ces paroles.

Son bonheur, c’est de connaître le Christ, et surtout que le Christ l’ait regardé le premier alors qu’il était perdu dans un jeu de miroir aux prises  avec lui-même et avec la Loi.

La différence ici, c’est que la rencontre du Christ engendre un témoignage en forme d’hymne, plutôt que d’égrainer les articles de la Loi. On voit bien que quelque chose s’est produit chez Paul. Une transformation de l’intériorité qui donne accès au langage de vérité.

On voit bien dans l’expression de cet hymne la différence entre le Dieu de la Loi et le Dieu de la rencontre !

Dans l’exercice de l’adoration ou de la contemplation, nous apprenons à regarder ! C’est un exercice qui s’apprend également.

Nous apprenons à regarder les autres, n’importe quel autre, n’importe quel visage humain.

Nous apprenons à regarder tout vivant, qu’il soit animal ou plante.


Nous apprenons à regarder les autres et leur situation pour savoir de qui je dois me rendre proche ici et maintenant, ou qui le Seigneur m’envoie, c.-à-d. me confie pour que je me fasse proche de lui.

Le Seigneur m’envoie aussi ceux et celles qui vont se faire proches de moi, car j’en ai besoin ; leur présence m’est bienfaisante, constructive. C’est l’une de ses manières de prendre soin de moi.

Nous apprenons également à discerner parmi ceux qui crient leur détresse, ceux dont le cri correspond au visage, ou ceux dont le visage correspond au cri.  Voilà donc quelques règles de l’art de se faire proche.

L’adoration et la contemplation de la Parole sont des exercices qui sont ordonnés à la rencontre : la rencontre de Dieu, la rencontre de l’autre.

Prions le Seigneur pour qu’il nous regarde encore, pour qu’il nous regarde toujours et que notre regard s’éclaircit et se simplifie en le regardant.

Prions le seigneur pour que son nom soit connu et reconnu à nouveau dans nos contrées et que cette génération tourne son regard vers lui.


Amen.
Père Roland Cazalis

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