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Vos intentions de prière - Mai, Juin, Juillet, Août 2018

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13e dimanche du temps ordinaire, année C - 26 juin 2016



Premier livre des Rois : 19,16-21
Psaume : 15 (16)
Lettre de saint Paul aux Galates : 5,1.13-18
Evangile selon saint Luc : 9,51-62
***


Dans le récit qui met en scène l’appel d’Élisée, par le geste du manteau d’Élie, nous assistons là à quelque chose qui s’est répété des milliers de fois dans l’histoire. En effet, Dieu appelle des personnes à une mission particulière au service de la communauté.

L’appel, c’est l’empreinte de la manière de procéder de Dieu. Personne ne se lève de cette manière, au non de lui-même, pour se mettre au service de la communauté de la sorte sans être appelé à le faire. C’est ainsi que l’on reconnaît les traces de la main de Dieu dans les contrées qui ignorent son nom et le visage révélé dans les évangiles.

Le choix d’Élisée n’est pas un hasard. Élisée semble être arraché à la vie qu’il menait jusqu’alors.

On voit donc qu’il y a quelque chose d’impératif dans l’appel. Néanmoins, l’appel n’oblige pas. La liberté reste sauve, mais la liberté comme la conscience doit être éduquée.

Je l’ai déjà dit à maintes reprises. L’appel passe par le même chemin que celui de notre humanisation, et celui de notre ultra-humanisation qu’on appelle aussi notre divinisation.

Donc, l’appel passe par le chemin dans lequel nous réussissons notre vie, dans lequel nous réussissons notre vocation.

Alors parfois, ce que Paul appelle « les convoitises de la chair »  ou « les tentations de la chair », cette tendance en nous, fait parfois partir notre vocation en vrille, quand bien même elle aurait bien commencé.

Les « tentations de la chair », c’est ce qu’il y a d’archaïque en nous, ce qu’il y a de reptilien en nous, ce qui est tenace et qui fait partie de notre nature.

Cette énergie, est celle qui fait vouloir, celle qui fait tenir bon, celle qui nous permet de nous dépasser, d’aller au-delà de nos limites, d’entreprendre, de conquérir.  Cette énergie potentielle, il nous faut la mettre au service de l’Esprit, car c’est ainsi qu’elle est décuplée, qu’elle reçoit toute sa noblesse et participe à l’œuvre de Dieu, qu’elle est utilisée dans la recherche du bien commun, dans la recherche du plus grand bien, comme aime à le dire Ignace de Loyola.
Mais, c’est bien là tout le dilemme humain. Se donner ou ne pas se donner, telle est la question ! C’est au cœur de ce dilemme que Dieu peut être vu comme un concurrent ou quelqu’un qui peut faire obstacle à cette orientation de mon être, à cette force qui va tout droit vers la réalisation de ce qu’elle pressent.

Quand cette énergie est mise au service de l’Esprit, alors il est fort probable que le bien commun qui est mis en avant ne soit qu’une ruse des « convoitises de la chair » pour parvenir à ses fins, avec les effets collatéraux qui dépassent toujours ce que nous pourrons contrôler.

Ainsi, David Cameron avait promis aux Britanniques d’organiser un referendum sur le Brexit, par pur calcul politique afin d’assurer sa réélection. Or, les effets de ce calcul, les effets de ces « tentations de la chair », ont aujourd’hui des conséquences qui dépassent ce que David Cameron prévoyait, et en premier lieu, la perte de la place qu’il a pourtant gagnée par ce calcul machiavélique. L’oiseleur s’est fait piéger dans ses propres filets.

Plus nous sommes doués, plus nous sommes dotés et plus nous sommes exposés à ces « tentations de la chair ».

En effet, plus nous sommes dotés, plus nous sommes amenés sur la ligne de crête avec le risque de partir en vrille.

Les plus sages se rendent compte qu’ils doivent mettre ce formidable potentiel au service de l’Esprit pour que ce potentiel ne fasse pas leur malheur, c.-à-d. pour qu’il ne leur mène pas à leur perte.

En somme, plus le sujet est doué, plus il doit se laisser conduire par l’Esprit, ou plus il doit prier pour que l’Esprit lui soit donné, en premier lieu, pour son propre bien.

Mais tout le monde ne comprend pas ce langage. Pourtant, l’appel ou le fait d’être envoyé, c’est la condition qui nous permet de mettre en œuvre tout notre potentiel, car la mission est un en avant, quelque chose qui nous tire vers l’avant, et de la sorte, nous ne sommes pas repris par nous même.

Il y a, en effet, un bien plus grand que celui d’avoir conquis le pouvoir de manière durable. Ce bien plus grand, c’est celui de participer à l’œuvre divine, et plus encore, celui de participer à la vie divine ici et maintenant.

Jésus répétait sans cesse, « je ne suis pas venu faire ma volonté, mais celle de celui qui m’a envoyé ». C’est cela le plus grand bien. Jésus connaissait bien l’existence de ces « tentations archaïques en l’homme », lui qui a pris notre condition humaine.

Nous l’avons pressenti, il y a quelque chose de radical, quelque chose d’impératif dans l’appel ; une radicalité qui ne souffre pas de tergiversations, de petits arrangements, de jeux sur les deux tableaux afin de remporter la mise au passage, sous couvert de service au prochain.

La réponse radicale que réclame l’appel tient compte du temps nécessaire à la transformation de nos motivations. Oui, nous avons le temps de la conversion de nos intentions quand elles ne sont pas encore à la hauteur de notre vocation.

Dans le temps de notre réponse, nous sommes accompagnés, comme Élisée l’a été par Élie.
Le seigneur met sur notre chemin ceux et celles, tous ces anges aux multiples visages qui apparaissent en leur temps afin de nous guider, afin de nous aiguillonner, afin de nous aider à prendre les virages délicats, ces tournants qui demandent du doigté pour ne pas faire un tout droit.

Ce sont toutes ces délicatesses, toutes ces attentions de Dieu, dont nous prenons conscience lors de la relecture des événements.  Oui, ce sont tous ces événements qui nous permettent de saisir la main de Dieu dans notre vie.

Sans ces pierres blanches qui balisent notre aventure et confirment notre appel, alors il est à craindre que ne soyons pilotés que par les « convoitises de la chair ». C’est en général ce que nous soulignons quand nous disons que les grands hommes ont de grandes faiblesses qui les font chuter quand ils s’y attendent le moins.

Il y a dans l’appel, un impératif, qui demande un début de réponse maintenant. Ma réponse compte et fait la différence, le timing aussi compte. 

Sur ce dernier point, c’est une banalité que de dire que les deux ou trois décisions essentielles que nous prenons dans une vie, nous avons une fenêtre de tir pour le faire. Si nous tergiversons trop longtemps, alors la fenêtre passe et la décision, quand bien même nous finissons par la prendre, elle n’aura plus les mêmes conséquences, car entre-temps, le monde aura changé. Nous savons tous ces choses de la vie.

Prions le Seigneur, prions les uns les autres, afin que chacun d’entre nous soit dans son chemin d’humanisation et reçoit la grâce en son temps pour son ultra-humanisation.
Amen. 
Père Roland Cazalis

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