Psaume 98(97),1.2.3ab.3cd-4.
Deuxième lettre de saint Paul Apôtre à Timothée 2,8-13.
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 17,11-19.
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L’Évangile de ce dimanche (cf. Lc 17, 11-19) nous invite à
reconnaître avec étonnement et gratitude les dons de Dieu. Sur la route
qui le conduit vers la mort et vers la résurrection, Jésus rencontre dix
lépreux, qui vont à sa rencontre, s’arrêtent à distance et crient leur
malheur à l’adresse de cet homme chez qui leur foi a perçu un éventuel
sauveur : « Jésus, maître, prends pitié de nous » (v. 13). Ils sont
malades et cherchent quelqu’un pour les guérir. Jésus, en répondant,
leur dit d’aller se présenter aux prêtres, qui, selon la loi, étaient
chargés de certifier une guérison éventuelle. Ainsi, il ne se limite pas
à faire une promesse, mais met leur foi à l’épreuve. À ce moment-là, en
effet, les dix ne sont pas encore guéris. Ils recouvrent la santé,
tandis qu’ils sont en chemin, après avoir obéi à la parole de Jésus.
Alors, tous remplis de joie, ils se sont présentés aux prêtres, et
ensuite ils s’en sont allés chacun son chemin, oubliant cependant le
Donateur, c’est-à-dire le Père qui les a guéris par l’intermédiaire de
Jésus, son Fils fait homme.
Un seul fait exception : un samaritain, un étranger qui vit en marge
du peuple élu, presqu’un païen ! Cet homme ne se contente d’avoir obtenu
la guérison à travers sa propre foi, mais il fait en sorte que cette
guérison atteigne sa plénitude en revenant exprimer sa gratitude
personnelle pour le don reçu, reconnaissant en Jésus le vrai Prêtre qui,
après l’avoir relevé et sauvé, peut le mettre en chemin et l’accueillir
parmi ses disciples.
Savoir remercier, savoir louer pour ce que le Seigneur fait pour
nous, combien c’est important ! Et alors, nous pouvons nous demander :
sommes-nous capables de dire merci ? Combien de fois nous disons-nous
merci en famille, en communauté, dans l’Église ? Combien de fois
disons-nous merci à celui qui nous aide et qui nous est proche, à celui
qui nous accompagne dans la vie ? Souvent, nous tenons tout pour acquis !
Et cela se produit également vis-à-vis de Dieu.
Il est facile d’aller vers le Seigneur demander quelque chose, mais
revenir pour remercier…. C’est pourquoi, Jésus souligne avec force le
manquement des neuf lépreux ingrats : « Tous les dix n’ont-ils pas été
purifiés ? Il ne s’est trouvé parmi eux que cet étranger pour revenir
sur ses pas et rendre gloire à Dieu ! » (Lc 17, 17-18).
En cette journée jubilaire, un modèle, mieux, le modèle à regarder,
nous est présenté : Marie, notre Mère. Après avoir reçu l’annonce de
l’Ange, elle a laissé jaillir de son cœur un chant de louange et de
gratitude à Dieu : « Mon âme exalte le Seigneur… ». Demandons à la
Vierge de nous aider à comprendre que tout est don de Dieu, et à savoir
remercier : alors, notre joie sera pleine. Seul celui qui sait remercier
connaît la plénitude de la joie.
Pour savoir remercier, il faut aussi de l’humilité. Dans la première
lecture, nous avons écouté l’histoire singulière de Naaman, commandant
de l’armée du roi d’Aram (cf. 2 R 5, 14-17).
Atteint de lèpre, pour obtenir la guérison, il accepte la suggestion
d’une pauvre esclave et se fie au traitement du prophète Élisée, qui
pour lui est un ennemi. Cependant, Naaman est disposé à s’humilier. Et
Élisée ne lui demande rien, il lui ordonne de se baigner dans les eaux
du fleuve Jourdain. Cette requête laisse Naaman perplexe, voire
contrarié : peut-il être vraiment un Dieu, celui qui demande des choses
aussi banales ? Il voudrait faire demi-tour, mais finalement il accepte
de se baigner dans le Jourdain et il est immédiatement guéri.
Le cœur de Marie, plus que n’importe quel autre, est un cœur humble
et capable d’accueillir les dons de Dieu. Et Dieu, pour se faire homme,
l’a choisie, précisément elle, une fille simple de Nazareth, qui ne
vivait pas dans les palais du pouvoir et de la richesse, qui n’a pas
accompli des œuvres extraordinaires. Demandons-nous – cela nous fera du
bien – si nous sommes disposés à recevoir les dons de Dieu, ou si nous
préférons plutôt nous enfermer dans les sécurités matérielles, dans les
sécurités intellectuelles, dans les sécurités de nos projets.
Il est significatif que Naaman et le samaritain soient deux
étrangers. Que d’étrangers, y compris des personnes d’autres religions,
nous donnent l’exemple de valeurs que nous oublions parfois ou
négligeons ! Celui qui vit à côté de nous, peut-être méprisé et
marginalisé parce qu’il est un étranger, peut nous enseigner cependant
comment marcher sur la voie que le Seigneur veut. La Mère de Dieu, elle
aussi, avec son époux Joseph, a fait l’expérience de l’éloignement de sa
terre.
Pendant longtemps, elle aussi a été une étrangère en Égypte, loin de
ses parents et de ses amis. Mais sa foi a su vaincre les difficultés.
Accrochons-nous fermement à cette foi simple de la Sainte Mère de Dieu ;
demandons-lui de savoir revenir toujours vers Jésus et de lui exprimer
notre gratitude pour les nombreux bienfaits de sa miséricorde.
Pape François, 9 octobre 2016 (Homélie pour le Jubilé marial)
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