Livre d'Isaïe 60,1-6.
Lettre de saint Paul Apôtre aux Éphésiens 3,2-3a.5-6.
L’Épiphanie est comme une seconde
Nativité. Ceux et celles pour qui cet événement a du sens peuvent continuer à
en profiter et s’en réjouir. L’Epiphanie ou la manifestation [de
Jésus aux rois mages] est une théophanie, une manifestation de Dieu. Ce n’est
plus l’humanité qui se tourne vers le ciel ou vers Dieu, mais Dieu qui se
tourne vers la terre ou vers l’humanité d’une manière totale.
La dominante de cet événement est la
joie, la réjouissance. Notre cœur est préparé à cette réjouissance par la
tonalité de la première lecture tirée du livre d’Isaïe qui dit « resplendis,
Jérusalem ; elle est venue ta lumière. La gloire du Seigneur s’est levée en toi
».
Comment concrètement nous livre-t-on
le récit ?
Des personnages venus d’Orient
annoncent à Hérode et au Tout-Jérusalem la naissance du roi des juifs. En
d’autres termes, ils leur annoncent : voilà ce qui vient d’arriver chez vous !
Interviennent plusieurs Hérode dans
la Bible. Celui-ci est Hérode le Grand (règne de -37 à -4). « Grand »
parce qu’il est le premier d’une dynastie qui fit long feu. Le personnage
historique qui, fait exceptionnel, est nommé roi de Judée par les Romains. Il
est très impopulaire et craint dans la nation juive. Il est païen et ami de
Rome ; grand bâtisseur, mais ruine le peuple. Il a laissé l’image d’un
tyran sanguinaire et paranoïaque pour protéger son trône des prétendants, en
commençant par ceux de sa propre famille.
Nous connaissons les trois fils à
qui il a laissé la vie sauve :
·
Archélaos
;
·
Hérode
Antipas ou le tétrarque, celui que le Christ traite de renard ;
·
Philippe,
également tétrarque, qui a des démêlés avec son frère Hérode Antipas au sujet
de sa femme, ce qui a fini par causer le martyr du prophète Jean le baptiste.
L’évangile de Mathieu ne dit rien
sur le nombre et le nom des mages. La tradition populaire a vite fait de
combler ces lacunes ; la nature a horreur du vide, nous le savons.
Alors, restons avec ces gens venus
d’ailleurs, des personnages à la fois astrologues, astronomes et philosophes :
toutes ces disciplines étaient à l’époque non dissociées, ce qui leur
permettait d’ailleurs d’avoir une vision plus intégrative de la réalité.
En général, quand des non-natifs
viennent vous révéler un événement inouï qui se déroule chez vous, alors qu’ils
n’étaient pas censés connaître de telle chose, alors cela prend un relief tout
particulier.
Israël était donc préparé à recevoir
celui que toute l’histoire attendait, le messie de Dieu. Mais la présence des
mages montre que d’autres personnages, n’appartenant pas à cette nation et à
cette religion, étaient au courant et scrutaient le ciel dans l’attente d’un
signe annonçant son avènement.
L’imminence du temps messianique
fait que les frontières culturelles et religieuses ne peuvent plus contenir
cette nouvelle.
Alors, les mages annoncent : voilà
ce qui est en train d’arriver chez vous ! Et nous sommes venus jusqu’ici pour
le constater !
Hérode en est bouleversé et tout
Jérusalem avec !
Ce n’est certainement pas le même
bouleversement qu’a connu Marie lors de l’Annonciation !
Ce trouble d’Hérode nous dit que le
combat du roi a commencé, alors qu’il ne sait même pas encore parler !
Le combat est aussi dans le
texte. Le combat est dans notre lecture. Le combat est en nous !
Le texte nous lance un défi : quel
personnage allons-nous suivre ?
Que ceux qui veulent suivre ou
rester avec Hérode assument leur choix.
Quant à moi, je dis qu’il ne faut
pas nous faire voler la joie de l’épiphanie par les calculs, les ruses et les
mensonges d’Hérode et du Tout-Jérusalem.
Il nous faut rester avec les mages
et les accompagner, car ils vont nous amener à l’enfant et à sa mère et par là
même nous éloigner d’Hérode et de ses semblables.
Les mages suivent leur bonne étoile
qui les amène à la bonne maison.
Nous allons donc utiliser les mages
comme nos bonnes étoiles pour arriver, comme eux, à la bonne maison et nous
réjouir de la présence de l’enfant et de sa mère.
Accompagnons les mages dans leur
mouvement corporel : ils tombent aux pieds de l’enfant, se prosternent devant
lui et lui offrent des présents chargés de symboles.
Et nous, qu’allons-nous offrir ? Que
pouvons-nous offrir qui nous tient à cœur ?
En vérité, chacun ici sait dans son
cœur ce qu’il doit offrir.
Offrir ou demander ?
En fait, dans ces circonstances,
offrir ou demander, ces deux verbes deviennent équivalents.
Aux pieds de l’enfant et de sa mère,
offrir ce qui vous tient à cœur, ou demander ce qui vous tient à cœur, c’est le
même geste.
Offrir ou demander, puis repartir
par un autre chemin.
Si nous croyons en celui à qui nous
offrons ou demandons ce qui nous tient à cœur en ce moment, alors nous voilà
lestés ou libérés pour retourner chez nous par un autre chemin.
Alors, bonne route dans ce chemin de
2017 !
Amen.
Père Roland Cazalis, image http://pereguisset.fr/pages/reies/reies_estrella.jpg
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