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24e dimanche du temps ordinaire, C - 11 septembre 2016 - La relecture



Exode 32, 7-11.12-14
Psaume : 50 (51)
1ière lettre de saint Paul à Timothée : 1, 12-17
Evangile selon saint Luc : 15, 1-32
*******


Pour une fois, la deuxième lecture fait office de juge de paix entre la première et la troisième lecture. En effet, Paul fait une relecture de sa vie et termine sa lettre par une action de grâce.

Sans la relecture, on reste dans le brouillard, ou l’on reste un analphabète sur la chose la plus importante qui soit, à savoir, sa propre vie.

La relecture est une grande intuition humaine, et elle date bien avant l’ère chrétienne. On la retrouve bien évidemment dans la philosophie antique, qui entendait la philosophie comme manière de vivre.

On pourrait reprendre une formule attribuée à Pythagore, l’homme du fameux théorème.
Ainsi, dans ce qu’il est convenu d’appeler les  « Vers d'Or de Pythagore » ou attribués à Pythagore :
On peut lire l’extrait suivant :
« Ne permets pas que le doux sommeil se glisse sous tes yeux,
avant d'avoir examiné chacune des actions de ta journée.
En quoi ai-je fauté ? Qu'ai-je fait ? Qu'ai-je omis de ce qu'il me fallait faire ?
Commence par la première à toutes les parcourir.
Et ensuite, si tu trouves que tu as commis des fautes, gourmande-toi ;
Mais, si tu as bien agi, réjouis-toi.
Travaille à mettre ces préceptes en pratique, médite-les ; il faut que tu les aimes,
Et ils te mettront sur les traces de la vertu divine,
J'en jure par celui qui transmit à notre âme le sacré Quaternaire,
Source de la Nature dont le cours est éternel. »

Voilà pour « l’examen de conscience » selon ‘Pythagore’.

Dans une perspective chrétienne, en plus d’examiner « En quoi ai-je fauté ? Qu'ai-je fait ? Qu'ai-je omis de ce qu'il me fallait faire ? », il faudrait également analyser  « qu’ai-je reçu ? », car il n’y a pas que moi à œuvrer pour moi ; d’autres y pourvoient également. Et il faut savoir rendre à César ce qui lui revient, et à Dieu de même.

La relecture est donc orientée vers l’unification de l’existence, à vivre en intelligence avec soi-même, avec les autres, avec Dieu, la recherche de la vie bonne. En la pratiquant régulièrement, on acquiert le vocabulaire et la grammaire de sa propre existence.
À savoir, comment je fonctionne ? Qu’est-ce qui m’arrive ? Sur quoi je dois être vigilant pour que la vie demeure fluide et bonne? Quel est mon péché ? Il paraît que chacun en a un, qui le fait souffrir, c’est pourquoi il le reconnaît.

Par la pratique de cet exercice, je cesse peu à peu d’être un analphabète de ma propre existence.

C’est ce que fait Paul, dans sa lettre à Timothée. Il se rend compte qu’il a été un blasphémateur, un persécuteur, un violent
Mais il reconnaît qu’à l’époque, il était un ignorant, un analphabète du langage du Christ. Il n’avait pas la foi.
Puisqu’il était un persécuteur, le Seigneur aurait pu le mettre de côté, ou le neutraliser. Peut-être l’aurait-il mérité ! Il ne l’aurait pas volé, comme on dit dans ces cas-là.
Mais le Seigneur n’a pas agi de la sorte, il n’a pas agi suivant cette logique, ou cette justice du monde. « Le seigneur a renoncé à ce type de mal » comme le dit le texte de l’Exode.
Autrement dit, si cela avait été moi, je l’aurais certainement neutralisé sans ménagement, tout comme il avait approuvé sans ménagement la lapidation du diacre Étienne.
Mais le Seigneur ne rend pas le mal pour le mal.
Paul reconnaît aussi qu’il a été comme cette brebis perdue, brebis qui s’est écartée des 99 autres, car elle se croyait plus maligne que les autres.
Mais le Seigneur est parti à sa recherche et à sa rencontre, et l’a ramenée dans le monde de la vie ; et le Seigneur s’en est réjoui !  Oui, le Seigneur se réjouit chaque fois qu’un être est sauvé de la mort certaine.
S’agissant de Paul, par son Esprit, il lui a donné la sagesse pour comprendre, et le langage d’un disciple.
Et maintenant, il confesse :
« Le Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs, et moi, je suis le premier des pécheurs ». Je peux le dire aujourd’hui, car je suis vivant !

La relecture me fait voir : où est-ce que la vie m’a été donnée. Quand est-ce que le Seigneur s’est interposé pour déjouer les plans du malfaiteur, alors que, sur le coup, je ne me suis même pas rendu compte ! Quand est-ce qu’une porte s’est ouverte dans le mur, alors qu’il n’y avait pas de porte pour passer. Je ne suis pas dupe ! Je ne peux pas nier ces faits !

Oui, Dieu, c’est du concret ! Il se manifeste dans le concret de l’existence, pour autant que l’on veuille se donner  la peine d’acquérir la grammaire pour commencer à ânonner le récit de sa propre existence.

La relecture concerne les événements du quotidien, mais elle concerne une autre dimension de l’existence, à savoir, la trajectoire, l’horizon vers lequel on marche et qui nous attire, et le sentier que l’on construit en avançant vers lui.

Cet horizon, chacun le sait, ou l’a toujours su, car il vient du fond de chacun, même si au début de l’existence, il peut être diffus et a besoin de temps pour se préciser, pour qu’il se délimite.

Ainsi, en est-il du Christ. Personne ne pouvait lui révéler qu’il était le messie. Ce genre de savoir vient de ses tréfonds. Et quand Jean le Baptiste l’a désigné, il l’a fait à ses propres disciples, qui du coup l’ont quitté pour le rejoindre.

Et même Jean eut quelques doutes à ce sujet. Es-tu celui qui devait venir ou devons-nous en attendre un autre ?

L’action de grâce vient du fait de se rendre compte d’être dans le chemin de la vie, et d’avoir été rattrapé au vol et remis sur la bonne piste. Que l’on est là où le Seigneur nous attend, car dans ce chemin, nous trouvons la consolation et la paix qui est un autre nom de la joie.

Prions le Seigneur pour que nous sachions rendre grâce en connaissance de cause, c.-à-d. d’après la grammaire de notre existence.

Prions le Seigneur pour que nous soyons bien dans notre chemin d’humanité, et comme disait Jeanne d’Arc, « - Si je n'y suis, que Dieu m'y mette; si j'y suis, que Dieu m'y garde ! »

Amen.
Père Roland Cazalis ; image http://www.marie-paule-dessaint.com/DATA/TEXTEDOC/relire-sa-vie-conference-marie-dessaint-5.jpg

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